En mars 2014 au Glob Théâtre - Bordeaux, Solenn Denis avait fait forte impression avec SStockholm, une pièce oppressante et stimulante, inspirée de la captivité de Natascha Kampusch. La même année avec Sandre, la jeune auteure se mettait à l’écoute d’une femme meurtrière. Celle-ci se raconte : jeune fille amoureuse, épouse, mère. Une vie passée entre la cuisine, le ménage, les courses, le soin apporté aux deux enfants, le sempiternel repas dominical, le travail… toujours à devancer les désirs de son homme en abdiquant les siens. Dans un flot maladroit, celle qui fut belle mais que les grossesses ont alourdie, dit l’amour, les promesses faites et trahies, le mari qui l’ignore, la trompe avec sa secrétaire. Perdue, elle cherche sa place au milieu de ces autres qui n’ont pas l’air de voir ou de sentir sa détresse. Alors, cet enfant qu’elle porte dans son ventre, le troisième, elle n’en veut pas, elle le tuera. C’est un homme, Erwan Daouphars, acteur à la puissante présence, qui incarne cette femme brisée, hantée par ses souvenirs. Assis sur un fauteuil, le visage sculpté par la lumière, le comédien est saisissant de vérité dans le portrait d’une femme sans force et sans amour. Un voyage sous tension dans les blessures de l’âme humaine.