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Faudrait voir (à ne pas rater) : l'exposition Féminin Pluriel / Musée de la Création Franche

Féminin Pluriel
Une actualité de Sophie Poirier
Publié le 02/05/2017
Visiter le musée de la Création Franche à Bègles donne une autre idée de l’art : nous sommes là, très loin des œuvres spectaculaires et des événements scintillants, dans un lieu modeste réservé aux créateurs de l’art brut, populaire ou naïf. L’exposition FÉMININ PLURIEL met en avant la part féminine de la collection, riche de 16 000 œuvres.

Sous ce terme Création Franche, sont rassemblés les « créateurs insoumis réfractaires à toutes formes de conventions sociales ». Entrons donc, en ce mois de mai, dans une maison où « la création est libre et sans entrave… »
Il faut d’abord se défaire de ses repères - ce qui est toujours une expérience enrichissante. D’escaliers en petites pièces, on traverse plusieurs espaces. En ce moment, au rez-de-chaussée, l’exposition L’ART BRUT EN FINLANDE et son royaume de sculptures animalières.
Puis, à l’étage, tout de suite après les collages graphiques de lmari Imppu Salminen qui clôture la partie finlandaise, l’exposition FÉMININ PLURIEL.
Chacune invente son trait. Majoritairement, les toiles sont très remplies, peu de blanc ou de vide. Les couleurs mélangées n’obéissent à aucun critère d’harmonie esthétique, parfois ça jure un peu. Mais parmi ces effets de coloriage, il arrive que l’une d’elle ne peigne que du noir. Cette création qui les sauve, pour certaines qui les empêchent de basculer, propose une illustration, un dessin narratif, ou un embrouillamini de formes, c’est étrange à regarder…
Ce qui est commun à ses artistes débridés, autodidactes la plupart du temps, se comprend à la lecture des cartels-biographies. Des solitudes, souvent des vies simples, ils habitent où ils sont nés, peu de mouvements. Ils sont reclus, des cabanes au milieu de la nature, et créent avec ce qu’ils ont sous la main. Ou bien, les cartels évoquent des vies abimées : ruptures, épisodes de dépressions aiguës, maladies psychiques, et alors le refuge est celui d’un asile psychiatrique… Il n’y a pas que de la douleur ou de la violence, certaines ont des folies douces ou des univers très ludiques, mais leur point commun c’est soudain ce désir d’expression artistique, devenant un geste indispensable, une obsession vitale.

Dans un dernier recoin de ce labyrinthe du Musée de la Création Franche, un espace réservé aux artistes « brodeurs ». Cela rappelle les assemblages d’Annette Messager. Certains objets présentés mériteraient davantage de place : comme cette grosse poupée étrange cousue dans des toiles blanches et tachées, ni tête, ni mains, ni pieds, elle tient un poupon de chiffon entre ses bras. On s’attardera sur une composition blanche et rouge, élégante et sanglante, brodée autour d’une photo, d’Audrey Buzzolini : « J’écris mes blessures points par points pour les transcender » explique-t-elle.

Un endroit à découvrir, l’esprit bien ouvert.

Pour en savoir plus

Féminin pluriel

Du 02/12/2016 au 11/06/2017
Exposition thématique de la collection permanente

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