Découpée en 4 thèmes – détournements, explorations, contestations, intranquilités – l’exposition donne beaucoup à lire et à regarder : photos, maquettes, vidéos.
Première possibilité : s’installer dans le canapé, devant le film de Raphaël Zarka, Topographie anecdotée du skate-board, un montage d’archives des lieux à skater, trouvés ou construits entre 1964 et 2006. Le film est rythmé par les interdictions, les arrestations, des râleurs en gros plan et même d’une manifestation le poing-skate levé. Plus tard, on suit un architecte expliquant la conception d’un skate-park au détail près.
La vidéo la plus étonnante est celle de Paul Labadie, Swiss Banks. Il filme les riders d’Antiz en tournée dans les Alpes. Là, le rapport s’équilibre : autant de paysages que de skateurs-explorateurs. Les plans fixes et larges apportent une esthétique très graphique, minimaliste, qui sort complètement des habituelles images serrées, de vitesse au milieu du paysage urbain. L’arrière-plan, souvent des espaces naturels, montagneux, bucoliques, verts ou enneigés, ou des villages déserts, des surfaces de monuments isolés, devient le décor à l’acharnement du skateur. Beaucoup de chutes – l’une d’elles montre le skateur noyé dans la luzerne -, des cris de joie fêtent la figure réussie, et aussitôt un autre lieu, une autre situation : du toit d’un wagon à l’autre d’un train abandonné, ou un barrage pour une session dans la pente du rapide. Swiss Banks aurait mérité un grand écran pour une réelle immersion. On s’attardera aussi sur les séries de photographies très belles – collection de la Villa Noailles - des skate-parks vides.
Au milieu de l’ambiance sonore – on entend souvent Fuck you ou I hate you, parce que le skateur tombe beaucoup – des phrases se détachent comme : « D’un point A à un point B, toi, tu vas te déplacer. Nous, on va jouer. » La belle énergie des skateurs tient sûrement à ça : au plaisir à se jouer de l’obstacle, à s’en servir, à s’en inventer même…
Exposition landskatinganywhere
arc en rêve centre d’architecture, Entrepôt, 7 rue Ferrère, Bordeaux
Jusqu’au 15 octobre 2017