Hubert Chaperon se trouve un peu dans cet « endroit absent », lui aussi. L’Assiette, c’est du théâtre, version homme seul mais qui les fait tous. Le décor à chaque fois prend l’apparence du lieu où se déroule le spectacle, en bord de Garonne, ou comme ici aux Archives départementales. Il arrive devant vous avec une pile d’assiettes et un fauteuil. Le reste - l’île, le bateau, la vase, les ronces, le secret, l’expédition, les questions, les ruines, la famille entière - tout ça, il le joue. Et on embarque avec lui : « J’ai trois souvenirs d’enfance. Une assiette, avec un château dessiné au fond. Mon père qui dit en regardant l’assiette : "tu vois là, la 3ème fenêtre, c'était la fenêtre de ma chambre". Un autre jour, toute la famille avec tous une tête d’enterrement, dans le salon, fermant un journal : le château a brûlé… » Il pensait que ça n’était pas tout à fait son histoire, celle de son père, et puis voilà comment au milieu de l’estuaire, il comprend le contraire… Hubert Chaperon, avec ce récit mouvementé et poétique, renvoie chacun à son propre château – ou cabane – de l’enfance, cet endroit qui disparaît au fil du temps, et qui pourtant n’en finit pas.