À la fois, exposition du savoir-faire et de l’imagination : nous revoici au temps où les services de table racontaient des histoires… Au fond des assiettes, comme des vignettes d’historiettes. Les 12 dessins qui ont servi à réaliser le service Décor Souris - ça aurait fait un titre plus adapté à cette exposition charmante - ont quelque chose de l’enfance. Deux petites souris, une grise et une blanche, vêtues de kimonos, sont prises sur le vif d’une vie bucolique : elles jouent de la musique, lisent un livre, se promènent sur le dos d’une tortue, s’abritent sous une ombrelle, pêchent ou nagent, contemplent un insecte ou un oiseau. L’une d’elle pleure, et s’essuie le coin des yeux avec son mouchoir blanc... Beaucoup de tendresse et de délicatesse dans les illustrations d’Eugène Millet.

Dans cette veine japonisante, d’autres dessins narratifs mettent en scène des personnages humains et des animaux fantastiques. On retrouve les codes visuels de la Manga d'Hokusai dont il semble qu‘Étienne Millet fut connaisseur : les vagues, les poissons dont les carpes, des dragons.
Une autre série de dessins montre le travail des ornements décoratifs. Des éventails se croisent et servent de motifs géométriques, des guirlandes de fruits et de fleurs. On peut lire les planches les destinations : sucrier, moutardier, compotier… Le service à vaisselle tout entier poétique et illustré.

Poursuivez la visite dans la partie exposition permanente du Musée des arts décoratifs, juste pour le plaisir de marcher sur du parquet qui craque. Ici, tout est élégant, même les messages d’interdictions : des chardons séchés posés sur chaque fauteuil viennent réfréner toute tentation de s’y asseoir. On apprend toujours quelque chose dans ce lieu immobile, on traverse la demeure de pièce en pièce, chacune sa fonction et sa couleur. L’occasion unique aussi de se retrouver face à face avec les déesses-statues qui surplombent le Grand Théâtre.