« Qu’est-ce qui fait que nous ne croyons pas ce que nous savons ? » Le chorégraphe cite Jean-Pierre Dupuy, un philosophe qui peut paraître bien éloigné de la danse et du théâtre… Pourtant, c’est bien à cette magnifique et vertigineuse question que nous sommes confrontés.
Dès le début, Michel Schweizer, présent sur le côté du plateau, a l’air d’organiser pour nous une situation. Cette affaire très concrète des déchets nucléaires cachés sous terre, et du repère à construire, est grave. Et nous allons assister à la présentation des projets : il a passé une véritable commande d’idées à trois agences d’architecture.
Le chorégraphe et les hommes sur scène produisent alors un moment à la fois conférence, work in progress, spectacle, récits de vie, dialogues et délires, mouvements et danse… D’âge différent, de 20 à 60 ans, les hommes viennent nous dire ce qu’ils font là. Mais quelque chose nous embrouille : le stagiaire entre dans la danse, les architectes nous expliquent leur projet – plus ou moins fou -, des utopies à l’image d’une cité futuriste.
Toutes ces personnes sont-elles sérieuses ? Sont-elles même seulement architectes ? Et puis, soudain, le noir total se fait, un chant oriental vous attrape, un homme évoque un souvenir… L’émotion est belle. Primitive aussi ? Comme les corps des hommes sur scène, les instincts…
Le chorégraphe, un peu manipulateur, charismatique, commente au fur et à mesure sa propre vision. Il cherche : face aux enjeux du monde, à l’urgence d’agir, l’environnement, l’avenir, quel engagement pour les artistes ? Comment en parler ? Comment agir ? Comment faire qu’on y croit, puisque nous savons…