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DIMMI ALFRED

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Une actualité de Rayon BD
Publié le 01/10/2014
Depuis combien de temps dessines-tu ? Je dessine depuis toujours, depuis l’enfance. C’est quelque chose que j’ai fais assez naturellement comme tout le monde. Lorsqu’on est enfant, avant de savoir écrire, on commence par s’exprimer par le dessin. Or, la majorité des gens s’arrête quand ils grandissent et apprennent à écrire justement. Mais moi je fais partie de ces gens qui ne se sont jamais arrêté par ce que le dessin est un espace dans lequel je me ressource depuis toujours. Je ne me suis jamais posé aucune autre question que celle de dessiner et de raconter des histoires avec des dessins. Quel est ton medium de prédilection ?

Quand je dessine je ne m’interdit rien : aucun outil, aucune expérience, aucun accident même. Que se soit du crayon, de l’encre, de la plume, du pinceau ou de l’aquarelle, j’ai tendance à mélanger et chercher les éléments les plus précis et au plus prêt de ce que j’ai envi de raconter. Donc d’un livre à l’autre je change d’outil et de manière de travailler pour être au plus proche possible de l’histoire de je souhaite transmettre aux lecteurs. C’est une chose que j’ai d’ailleurs beaucoup plus expérimenté à travers cette exposition que dans mes livres habituellement, à savoir, aller chercher des outils qui ne vont pas forcément ensemble, les mixer, puis créer des accidents et voir jusqu’ou m’emportent-ils pour essayer de les suivre.

Comment se mêlent les images au récit (dans ta tête, tes carnets) et inversement ?

Les deux s’alimentent, il n’y a pas d’ordre ni de règles en réalité. Lorsque je prépare une histoire ou même une image, j’ai toujours un carnet sur moi, et je vais régulièrement prendre des notes de choses qui n’ont, à priori, rien à voir avec ce que je vais raconter mais qui viendront les alimenter. Cela peut être quelque chose que je vais voir ou croiser, un son que je vais entendre, une idée qui me vient à l’esprit, un rêve que j’ai fait. Tout cela devient ensuite un mixe, une sorte de gloubi-boulga dans mon carnet qui fait que je ne sais plus précisément quoi vient d’où mais tout cela devient la matière dont je vais me servir pour réaliser une image ou commencer à raconter une histoire. Donc en réalité tout s’alimentent, autant mes expériences personnelles que celles des autres.

 Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui aime dessiner et écrire des histoires ?

 Je lui conseillerais de ne jamais s’arrêter. Personnellement, lorsque j’ai commencé à dessiner de manière soutenue et avec l’ambition d’être publié, j’avais 14 ans et je faisais des fanzines, je dessinais à longueur de temps. A l’époque, internet n’existait pas, alors je photocopiais des dessins pour créer des petits magazines ou petits fanzines que je montrais lors des festivals et envoyais à des éditeurs et des amis. J’avais envi que mes dessins voyagent, circulent et surtout qu’ils soient lus afin de partager des choses avec des gens. Donc un jeune garçon ou une jeune fille ayant envi de raconter des histoires et de dessiner aujourd’hui, je ne peux que lui conseiller d’ « y aller », de dessiner 10 fois, 100 fois, 50 000 fois puis de les faire vivres en les montrant et les partageant aux autres. Mais en tout les cas, passer le plus claire de son temps à dessiner et raconter des histoires.

Combien de temps as-tu mis pour réaliser Come Prima ?

Come Prima est un livre qui s’est fait en plusieurs temps et qui a un parcours un peu particulier. En réalité le livre m’aura pris trois ans de gestation et 2 années de travaille véritable à dessiner les pages. Mais c’est une histoire qui me trottait en tête depuis une dizaine d’années avec une couleur différentes qui n’aurait pas du tout eu les mêmes enjeux ou mêmes intentions si je l’avais faite il y à 10 ans. C’est d’ailleurs pour cela que je ne l’ai pas faite, je ne me sentais pas prêt à faire cette histoire. Et à un moment, j’ai senti qu’il était évitant pour moi de m’y mettre sans vraiment trop savoir ou cela m’emporterait. Ce processus se sera donc étalé sur 5 années dont 3 vraiment de travail dessus dont 2 intensément.

Envisages-tu une suite à Come Prima ? de continuer à écrire d’autres histoires ?

Je n’envisage absolument pas de suite à Come Prima. Pour moi, c’est « un tout ». D’ailleurs dans mon travail, j’ai toujours fonctionné comme cela, mes livres ont toujours été « un tout », des sortes de photographies de ce que je suis au moment ou je suis en train de les réaliser. J’ai donc énormément de mal avec l’idée de la série, des aventures qui rebondissent et les personnages qui reviennent. Il m’est arrivé d’essayer mais je ne suis pas le faire car cela ne correspond pas à mon tempérament. De toute façon, cette histoire n’était pas prévue pour revenir. Ces personnages là vont maintenant vivre leur histoire de leur coté et moi du mien. En revanche, continuer d’écrire cela oui, j’ai déjà d’ailleurs commencé à remplir des carnets de notes et comme je vous disais, d’idées, de rêves, de sons de souvenirs, de choses qui n’ont à priori, rien à voir les unes avec les autres mais qui deviennent une matière dans laquelle j’irai piocher au moment ou je me sentirai prêt à raconter une nouvelle histoire ; ce qui commence doucement à venir.

Vas-tu participer à la réalisation de l’adaptation cinématographique de Come Prima ?

Je n’ai pas souhaité participer à l’adaptation cinématographique de Come Prima en tant que réalisateur ou auteur parce que c’est une autre aventure, et non la mienne. En revanche, j’ai très envi d’être présent attentif et disponible. C’est en discussion avec les auteurs que j’ai rencontré et qui s’empareront de cette histoire là. Personnellement, je ne fais pas de la bande dessinée par défaut, je fais de la bande dessinée parce que j’aime la bande dessinée. Je ne pourrais donc pas faire du cinéma et m’investir dans ce projet n’est pas dans mes envies. Et surtout, j’ai déjà raconté cette histoire une première fois telle que je voulais la raconter, avec ses imperfections et ses accidents. Ca n’aurait pas de sens pour moi de la revivre une seconde fois. En revanche je suis touché que des gens aient envi de s’en emparer à leur tour et en faire autre chose, parce qu’ils ont été touché par cette histoire. Il en est de même pour moi lorsque je vais au théâtre, au cinéma ou que je lis des romans : j’aurais aimé raconter ou m’emparer d’une partie de cette histoire là. Donc, être à mon tour, quelqu’un qui donne envi à d’autres de réinterpréter mon histoire est très touchant.

Envisages-tu de mêler univers graphiques & théâtraux pour réaliser une pièce jouée à Venise ou Florence ? Avec Olivier Ka par exemple.

Cela fait déjà quelques années je mêle régulièrement dessins et aspect théâtral en faisant des concerts dessinés ou des performances en live, comme au festival d’Angoulême avec Brigitte Fontaine, Olivier Ka et Aski Blkhasem, entre autre, mais sous différentes formules. Ce sont donc des choses que j’ai déjà commencé à faire, avec Olivier Ka justement, et que je continu de faire et que je continuerai de faire, parce que c’est une manière de procéder très différente de celle qui est habituellement la mienne lorsque je fais des livres. La manière de dessiner est différente et elle me nourri également. Les prochaines seront aussi avec olivier, et il en aura beaucoup d’autres dans les années à venir. En Italie, à Venise ou à Florence ? Avec plaisir. Si une occasion se présente, il y aurait toujours des pistes possibles mais il faut qu’il y ait du sens. Si cela consiste juste à aller jouer à Venise parce que j’ai habité Venise, cela ne m’intéresse pas. Par contre, si un jour une invitation me permet vraiment d’aller raconter quelque chose qui ai du sens sur place, dans ce cas là avec grand plaisir. Donc OUI !