Chargement...
Chargement...

A Bigger Artist

9782844267795, 0-4198005.jpg
Une actualité de David Lafarge
Publié le 31/07/2017
David Hockney est, sans doute, l’un des artistes britanniques majeurs du XXe siècle. Peintre, dessinateur, graveur, photographe, il est peut être la plus importante figure non américaine du Pop Art. Dans ses portraits et paysages, où se mêlent abstraction, réalisme, photographie et peinture, les couleurs, acidulées et hypnotiques, laissent deviner qu’il n’a pas passé sa vie dans le Yorkshire ou dans le quartier de Kensington, trahissant au contraire ses longues périodes californiennes, à Los Angeles, où il possède un atelier sur Santa Monica Boulevard qui abrite toujours ses archives.
Diplômé du Royal College of Art de Londres en 1962, il commence une carrière de dessinateur de presse, notamment en Egypte, qui ne le satisfait pas. En 1963, il expose à la Biennale de Paris, où, éloigné des mouvements avant-gardistes, il présente un art figuratif associant portraits, photographies et vidéos dans des œuvres souvent autobiographiques : autoportraits, portraits de sa famille et de ses amis, séries de scènes d’intérieur, garçons surpris sous la douche, piscines (avec aussi des garçons qui plongent dedans), images rapportées de ses voyages.
Il découvre la Californie en 1964 et, avec elle, les polaroïds, l’acrylique et, bien sûr, les piscines des villas hollywoodiennes, motif récurrent de son œuvre. Cette série de bassins lui aurait conseillée par Warhol, lors d’une visite à Los Angeles.
Il revient ensuite vivre à Londres en 1968, avant de s’installer à Paris, puis de repartir vivre en Californie en 1978. En 1973, Jack Hazan réalise, à mi-chemin entre documentaire et fiction, A Bigger Splash (titre tiré du tableau éponyme), qui amplifie le succès international naissant. Dès 1974, le Musée des Arts Décoratifs de Paris organise la première rétrospective consacrée à Hockney.
Travaillant la photographie à son retour en Californie, il refuse les déformations optiques produites par les objectifs grands angles et il décide alors d’utiliser des polaroïds d’un même sujet en déplaçant le point du vue et en juxtaposant les clichés. Même si tous les raccords ne se font pas de façon parfaite, il obtient un résultat contenant plus d’informations qu’une prise de vue classique. C’est l’époque de A Closer Grand Canyon et de nombreux photocollages (Jardin du Luxembourg par exemple). En 1986, il entame une œuvre de très grand format, qui n’aboutira qu’en 1998. C’est « Bigger Grand Canyon », composé à partir de 60 photographies mesurant reprises ensuite au dessin. La peinture finale regroupe 60 toiles assemblées (5 x 12) pour une longueur totale de 7,40 m.
En 2001, il publie, aux éditions du Seuil un essai intitulé Savoirs secrets, les techniques perdues de Maîtres anciens, dans lequel il démontre, par le texte et par l’image, l’utilisation d’appareils optiques par de nombreux peintres depuis le XVe siècle (chambres noires, lunettes, lentilles, miroirs). Il complète cet ouvrage lors de la réédition de 2006. Détaillée, scolaires, documentée et expérimentale (il affiche sur les murs de son atelier des copies des tableaux et y cherche des ruptures dans les techniques), cette démonstration a fait réagir de nombreux peintres et historiens de l’art.
En 1999, le Centre Georges Pompidou à Paris présente une rétrospective de son œuvre sur les paysages. Cette exposition questionne le rapport de l’artiste à la représentation du paysage, depuis les années 1960, avec d’autres moyens que la perspective linéaire. Il cherche, de plus en plus, à montrer un paysage lisible, permettant au spectateur de comprendre le point de vue de l’artiste. Cet aspect didactique atteint son paroxysme avec l’exposition à la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint-Laurent dans laquelle il montre ses œuvres réalisées sur iPhone et iPad, mettant en avant des logiciels qui diffusent l’intégralité du processus créatif, dans une référence assumée au film de Clouzot, qui montre Picasso dessinant à la surface d’une plaque de verre, premier exercice de captation d’un geste créatif. L’exposition de 2012 à la Royal Academy de Londres combinera, en quelque sorte, les deux expositions parisiennes, montrant les peintures de paysages anglais et l’utilisation d’un iPad, utilisé comme un carnet de croquis aux possibilités démultipliées.
En 2016, la Tate Modern lui consacre une grande rétrospective, que les parisiens vont avoir la chance d’admire au Centre Pompidou à partir du 21 juin. Quoi de mieux que le peintre emblématique de l’été permanent californien pour profiter de l’été parisien ?