« Je n’ai absolument rien à voir avec le théâtre ou la race humaine. Ils peuvent tous aller en enfer. » Anton Tchekhov
Anton Tchekhov (1860-1904) a 18 ans lorsqu’il écrit sa première pièce, Sans père, qu’il rebaptisera par la suite Platonov. Dans un domaine qui témoigne d’une splendeur passée, tout un petit monde s’ennuie ferme et attend Platonov. Jouisseur, séducteur malgré lui, cet « Hamlet de province » excite par son cynisme et son désespoir. On le disait promis au plus bel avenir, il n’est qu’un petit instituteur de campagne qui disserte sur le sens de la vie, provoque, scandalise… La compagnie irlandaise Dead Centre présente une variation toute personnelle, brillante et inventive, de l’œuvre de Tchekhov. D’entrée, les spectateurs sont accueillis par un metteur en scène quelque peu pontifiant qui leur présente brièvement la complexité de la pièce avant que celle-ci ne commence. Le rideau s’ouvre. Six acteurs, habités par leur personnage, attendent l’objet de leur fascination, Platonov. Les spectateurs, équipés de casques, assistent alors en direct aux commentaires du metteur en scène sur les thèmes abordés, les sous-textes et ses appréciations peu amènes sur les acteurs… À l’arrivée de Platonov, la pièce cède le pas à une interprétation improvisée de personnages au bord de la crise de nerfs, chacun donnant son avis sur le caractère de cet être insaisissable. Ce dérapage existentiel, totalement délirant, fait alors chanceler toute la représentation, de l’effondrement du décor à la destruction des costumes, jusqu’au naufrage des protagonistes.
Avec Kelly Campbell, Liam Carney, Breffni Holahan, Paul Reid, Clara Simpson, Dylan Tighe
Photographie © Jose Miguel Jimenez