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Japanorama. Nouveau regard sur la création contemporaine

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Publié le 12/01/2018
Du 20 octobre 2017 au 5 mars 2018 au Centre Pompidou-Metz.

Tiraillée entre un puissant héritage culturel et un discours national de modernisation, alternant des phases d’ouverture et de repli, l’évolution culturelle du Japon au début des années 1970 est marquée par des faits sociaux, politiques et écologiques majeurs. La commissaire d’exposition Yuko Hasegawa revient sur ces décennies mouvementées pendant lesquelles le Japon oscille entre globalisation et affirmation de son identité.

En 1970, l’Exposition Universelle d’Osaka et la 10e biennale de Tokyo ouvrent le début d’une période de transition pendant laquelle les arts visuels japonais s’affranchissent de l’influence occidentale présente depuis l’après-guerre. Les artistes japonais développent des stratégies esthétiques liées à deux mouvances principales : l’une matérialiste (Mono-ha), l’autre conceptuelle (Nippon- Gainen-ha).

Dans les années 1980, l’identité culturelle japonaise évolue vers un futurisme post-moderne incarné qui s’illustre dans la mégalopole tokyoïte et s’impose sur la scène internationale. L’hyper-consumérisme associé à l’économie spéculative de cette décennie, réunit à la fois « mainstream », pop culture et académisme. Cette abolition des distinctions, ce « remix », est au coeur des démarches de YMO (Yellow Magic Orchestra) ou de Rei Kawakubo, créatrice de la marque Comme des Garçons. Les Occidentaux portent un nouveau regard sur la création japonaise. Ils remettent en cause la vision d’après-guerre d’un art uniquement lié à des valeurs de matérialité et d’émotion.

La culture japonaise des années 1980 place la subjectivité au coeur du débat sociétal. Puis les années 1990 voient l’éclosion de la culture dite « superflat » qui conjugue l’esthétique du pop art avec le kitsch de la culture kawaii inspirée par les dessins animés et les mangas. Une jeune génération se met en quête de réalisme, rejetant tout symbolisme. Des artistes qualifiés de « néo-pop », tels que Takashi Murakami ou Yoshitomo Nara traduisent l’anxiété qui a suivi la fin de la bulle économique des années 80, à travers une imagerie liée à la pop culture, aux mangas et au spectacle. Ils délivrent un discours qui, au-delà de l’apparente clarté didactique de leurs oeuvres, remet en cause le modèle socio-politique et écologique du Japon.
Le grand séisme de 1995, suivi la même année de l’attaque au gaz sarin par une secte dans le métro de Tokyo, ruinent l’équilibre établi après 1945 et la promesse d’un ordre social et politique stable. La société japonaise tend de nouveau à se replier sur elle-même alors que les technologies de communication induisent de nouveaux modes de relations basés sur la confiance. L’expression artistique de ces années 1990 est aussi caractérisée par des univers relevant de l’intime, du vernaculaire et de l’espace domestique. La culture japonaise s’ouvre aux notions d’amateurisme et d’improvisation.

Dans les années 2000, la société voit peu à peu s’éroder la frontière entre sphères publique et intime. Les artistes s’approprient et participent de cette transformation. Le tsunami et la catastrophe nucléaire de Fukushima le 11 mars 2011 ouvrent une nouvelle page de l’histoire japonaise. Ces événements suscitent un engagement des artistes vis-à-vis de la société et les valeurs de solidarité prennent une dimension inédite.

L’exposition explore cette odyssée culturelle à travers la métaphore de l’archipel, dans une scénographie de l’agence SANAA (Prix Pritzker 2010). Chaque îlot incarne une notion-clé de l’histoire de la création contemporaine japonaise, tels que « le post-humain », « le collectif », « la subjectivité ».
La majorité des œuvres prêtées par des institutions japonaises sont présentées pour la première fois en Europe. Parallèlement à l’exposition, des rendez-vous réguliers avec des créateurs japonais seront organisés par Emmanuelle de Montgazon, spécialiste de la scène artistique japonaise. Cette saison au Centre Pompidou-Metz sera l’occasion de découvrir de grandes figures actuelles de la danse, de la musique, du théâtre et de la mode, telles que Saburo Teshigawara ou Yasumasa Morimura.



Illustration: Kenji YANOBE, Atom Suit Project – Desert C-prints, 49,8 x 49,8 cm Collection particulière © Kenji Yanobe © photo : Seiji Toyonaga


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